La réunion du Groupe des Partenaires de la Protection Sociales (GPPS): Le point avec… Mouna Osman Aden Ministre des Affaires Sociales et des Solidarités
Le point avec… Mouna Osman Aden Ministre des Affaires Sociales et des Solidarités
«Les ménages bénéficiaires de l’assistance de l’Etat se sont ainsi élevés à 75 000 ménages, dont 15 000 issus des régions de l’intérieur»
«Dès le début, nous étions habités par l’objectif stratégique d’éviter une dégringolade sociale générale en œuvrant à maintenir le niveau des ménages bénéficiaires de l’assistance régulière de l’Etat tout en faisant face aux problèmes de ceux qui courent le risque de perdre leurs revenus et en cherchant à endiguer l’avancée de l’informalité. Dans ce cadre, trois objectifs spécifiques ont été recherchés :
• Assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des catégories les plus vulnérables de la population.
• Soutenir les activités économiques impactées par la pandémie : activités génératrices de revenus, coopératives, petit entrepreneuriat, etc.
• Réaliser des évaluations d’impact et des études pour capter la population impactée par le Covid19 y compris les réfugiés et les migrants.
Le fait de disposer d’un système de ciblage performant s’avère être d’une importance cruciale dans ce genre de contexte afin d’accélérer la prise de décisions et agir avec équité. L’un des premiers atouts dont nous disposons justement à ce niveau est le programme national de solidarité famille (PNSF), qui est le seul programme de transfert monétaire et l’un des programmes sociaux les plus étendus en termes de populations couvertes et de diffusion géographique. Ainsi, les ménages considérés les plus pauvres du pays et couverts par ce programme ont continué à bénéficier des allocations qui leur étaient versées auparavant. Le second atout dont nous disposons dans le choix des ménages les plus exposés au COVID-19 est le Registre Social. De cette plate-forme ont été extraits les ménages, autres que ceux bénéficiant du PNSF, appelés à recevoir l’assistance anti-pandémie. D’autres ménages choisis sur la base d’un ciblage communautaire sont venus s’ajouter à ces derniers ménages, et l’ensemble des bénéficiaires s’est ainsi élevé à 75 000 ménages, dont 15 000 issus des régions de l’intérieur.
En plus de ces deux approches, le ministère des Affaires Sociales et des Solidarités a recueilli :
- Les résultats d’un travail d’identification, effectué par l’Agence Nationale des Personnes Handicapées, sur les personnes à besoins spéciaux afin d’assurer leur assistance.
- Des données sur les autres groupes vulnérables ciblés : les personnes âgées, les personnes vivant avec le VIH, les réfugiés et les migrants.
Permettez-moi, ici, de souligner que le résultat final a été obtenu grâce à la mobilisation de 150 travailleurs sociaux et 12 guichets sociaux répartis sur tout le territoire, l’intervention des ministères de la Santé, de l’Intérieur, du Budget, du Secrétariat d’Etat chargé de la Décentralisation et des autorités régionales et locales. Bien évidemment, vous tous, ici présents, représentants du système des Nations Unies, ONG et représentants de la société civile, vous aviez participé à cet effort commun et continué de le faire. D’ailleurs, je vous en remercie vivement. Il ne fait aucun doute que nous sommes parvenus, jusqu’ici, à contenir les effets déstabilisants de la pandémie notamment au niveau de la satisfaction des besoins alimentaires réalisée grâce à la distribution de bons ou d’allocations monétaires ou de produits en nature, effort auquel ont été associés 35 magasins se trouvant à proximité des ménages bénéficiaires. Nous demeurons cependant un peu moins optimistes quant à notre capacité à favoriser la mise en place rapide d’activités génératrices de revenus au profit de ceux qui, en cessation d’activité, ont perdu leurs emplois.
Il nous faut convenir, en effet, que malgré nos efforts, l’implantation des projets d’AGR soumis aux bailleurs de fonds nous a paru prendre un temps administratif relativement long par rapport au temps social inscrit plutôt dans une logique d’urgence. A situation exceptionnelle, ne faut-il pas une réactivité exceptionnelle. Agir avec diligence à ce niveau permettra certainement de juguler les effets de privation d’emploi au court terme et même à moyen terme en cas d’un rebond éventuel de la pandémie. Je me dois ici de rappeler que nous avions convenu avec nos partenaires techniques et financiers, après l’adoption de la stratégie nationale de protection sociale, de préférer les solutions durables qui favorisent une meilleure résilience aux chocs et crises. Ces solutions sont à rechercher dans l’investissement sur l’autonomisation des ménages, mais de préférence en abrégeant le temps de la concrétisation.
En outre, et puisqu’il est communément admis qu’il nous faut désormais coexister avec le Covid19, il nous faut donc travailler sur la continuité des initiatives déjà mises en œuvre afin de prémunir les populations exposées contre les risques de déficit alimentaire tout en leur permettant de développer leurs propres projets de résilience. La création des synergies entre institutionnels ou avec d’autres partenaires est connue pour être une source d’accélération dans la réalisation des projets. Mais force est de reconnaitre qu’en temps de pandémie, l’adoption des TIC s’est avérée être un autre facteur de rapidité dans l’échange et la coordination. Sur cette base, je vous proposerais de bien vouloir réfléchir au montage d’une plate-forme numérique collaborative dédiée au GPPS qui donnerait une cartographie des projets de protection sociale. Cette réalisation permettra de communiquer sur l’existant, d’éliminer les doubles emplois et les gaspillages financiers. Tous les institutionnels, les partenaires techniques et financiers, les ONG et les associations seront invités à y participer selon une approche à définir d’un commun accord».